En ouvrant notre abécédaire indiscipliné par le verbe « Désobéir », poussés par l’ouvrage de Frédéric Gros paru en septembre dernier, nous entamons un cycle d’émissions pour penser la désobéissance, avec des universitaires mais aussi celles et ceux qui en font chaque jour l’expérience.
Acte ultimement démocratique ou fondamentalement individuel et anti-social, quand la légitimité d’une cause prend le pas sur la légalité d’une situation : quand s’agit-il de désobéir ? Y-a-t-il un « droit à la désobéissance » ? Qu’est-ce que ça coûte ? Serait-elle vraiment le « régime philosophique de la pensée, son intériorité intempestive », comme l’affirme Frédéric Gros (18) ?
Dans ce premier épisode, nous vous proposons de réfléchir autour du « délit d’hospitalité » qui frappe actuellement les associations et individus qui acceptent d’aider les migrants présents sur le territoire. Aider des personnes littéralement « hors-la-loi », apatrides et rejetées par l’État, est-ce se mettre soi-même hors-la-loi en désobéissant et en favorisant l’accueil ? Installer des douches, donner à manger, offrir un minimum de sécurité à ceux qui n’ont plus rien, est-ce un délit ?
Nous nous entretenons avec François Guennoc, vice-président de l’association L’auberge des migrants, qui fournit une aide d’urgence aux exilés à Calais depuis 2008. Non content de suppléer aux tâches fondamentales de l’État (accueil, aide alimentaire et hébergement), l’association s’est aussi lancée dans un combat judiciaire pour faire respecter les droits fondamentaux des exilés. « A côté » ou « en face » de l’État : François Guennoc nous raconte comment un combat pour la dignité s’est transformé en bataille judiciaire, en résistance face au harcèlement policier et en un combat pour rendre leur cause plus visible.
Pour écouter seulement l’entretien avec François Guennoc, vice-président de l’association L’auberge des migrants :
Rendez-vous sur le site internet de L’auberge des migrants pour découvrir tous les moyens de venir en aide à l’association (don, collectes, aide matérielle sur place …) et suivre leur combat juridique.
Sur le thème de l’hospitalité et de sa criminalisation par l’État français dans le cadre de l’état d’urgence permanent, lire également « Les justes de Calais », par Camille Louis et Etienne Tassin sur Médiapart.
Une émission en partenariat avec Les Médiations philosophiques.
Avec des lectures extraites des ouvrages suivants :
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Désobéir, Frédéric Gros (Albin Michel, 2017)
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Les origines du totalitarisme, Hannah Arendt (Seuil, 1984)
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Cosmopolites de tous les pays, encore un effort ! Jacques Derrida (Galilée, 1997)